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Le massacre de mon cheval…

Posted by on 31 mai 2014

 

Aujourd’hui je vais simplement vous raconter une histoire vraie, une histoire que j’ai vécue au premier plan et que l’on pourrait tout simplement intituler :

« comment j’ai bien failli tuer ma jument »

 

portrait de jument

Idanha Oregon, jument souris pleine de vie.

Revenons quelques années en arrière pour mieux comprendre ce qui s’est passé.

En 1999 j’achète une pouliche de 2 ans passés chez mon marchand habituel ; je l’ai choisi elle, parce qu’elle marche vite, et qu’en TREC il nous faut des chevaux ayant si possible cette qualité naturelle, pour avaler les kilomètres d’une part, et être performants sur l’épreuve des allures (qui consiste à évoluer au galop le plus lent, et au pas le plus rapide dans un couloir de 150m).

Elle s’appellera Idanha Oregon, grise souris avec la tête toute noire, une raie de mulet et des zébrures aux membres !

 

Contribuer à améliorer la locomotion

Les années passent, la pouliche grandit mais présente un défaut d’équilibre, elle est toujours sur les épaules, et trébuche en permanence. Le maréchal lui pose des fers de bonne heure pour tenter de remédier à cette locomotion parfois précipitée. C’est un animal au tempérament vif et compliqué, mais je ne désespère pas de réussir un jour à en faire un bon partenaire de TREC, malgré nos débuts difficiles et complètement décourageants.

 

En 2004 je l’emmène en formation à La Cense avec moi, pour tenter d’y trouver des solutions… Le travail au sol révolutionne son comportement joueur, et là rend bien plus réceptive, mais le travail en selle demeure problématique, entre son énergie débordante et son manque d’équilibre naturel. Même les très bons instructeurs côtoyés à cette époque là, ne peuvent réellement m’aider. Idanha ne devient agréable à chaque fois, qu’en fin de stage, lorsque la fatigue se fait ressentir.

 

Durant les années qui suivent, elle ne changera pas. J’ai persévéré (avec de longs et grands moments de découragement) pour en faire ma partenaire privilégiée de TREC, mais elle préfère de loin les courses d’endurance où 90 km ne lui font absolument pas peur !

 

obstacle en main sur PTV

Sur le PTV du championnat de France de TREC de Maurs, en 2005

D’une ferrure simple elle est passée à des fers plus ou moins orthopédiques sur les conseils avisés des vétérinaires, ostéopathes et maréchaux suivant nos animaux. En 2005 la jument se révèle enfin sur les épreuves nationales de TREC, et nous intégrons en fin de saison le groupe France en vue des championnats d’Europe de l’année suivante. La consécration pointe enfin le bout de son nez, et le stress monte à chaque sortie. Afin de rendre Idanha le plus confortable possible, je suis les yeux fermés les recommandations du vétérinaire qui m’oriente vers un nouveau maréchal, spécialisé en chevaux de compétition de haut niveau et en orthopédie…

Presque 200 € (à l’époque) par ferrure, soit tous les 5 semaines, la jument étant grosse consommatrice de métal au bout de ses pieds…

 

Contribuer à détruire mon cheval…

Je suis ravie, elle semble vraiment mieux et se déplace avec plus d’aisance et d’amplitude. Le hic est qu’elle fait encore moins attention qu’avant à ce qu’elle fait de ses pieds. Elle n’est pas attentive, et nous manquons en permanence de nous écraser au sol… d’ailleurs si je relâche les rênes, elle tombe facilement à genoux. Sans m’en rendre vraiment compte, je l’assiste en permanence en regardant pour elle, où poser ses pieds. Nous nous adaptons l’une à l’autre et notre couple fonctionne : Nous enchaînons les victoires en concours complet, en TREC et sur les grosses épreuves d’endurance où nous nous amusons vraiment ensemble.

 

Je décide de poursuivre l’endurance car c’est la première fois que je vois Idanha s’éclater réellement en compétition. J’ai toujours su qu’elle aimait courir, mais je dois dire qu’elle m’impressionne. Elle devient presque dangereuse, car je peine à contrôler sa vitesse en course, et un jour nous avons mené tout le peloton à une vitesse de 29 km/h sur les 30 premiers kilomètres… Peu importe le terrain, le sol, elle avance vite et n’importe comment. Sa super ferrure hors de prix le lui permet. C’est grisant, mais cela ne dure pas longtemps. Cette fois là, elle boite à l’arrivée et ne passera pas le vetgate…

 

Le vétérinaire est consulté en urgence dans la semaine pour faire des radios. Avec la ferrure préconisée cela ne devrait pas arriver… Le verdict tombe : « ostéite de l’antérieur droit, avec une pointe osseuse fracturée« . C’est quoi exactement demandais-je alors au praticien spécialisé équin ? « Une maladie évolutive, qui devrait toucher rapidement le second pied, pas d’espoir de guérison ».

regard de cheval

Que pensait exactement ma jument de moi à ce moment là ?

Le monde s’écroule autour de moi et d’Idanha ce mardi de juin 2006. Alors dans un dernier espoir je demande si je peux envisager de la faire pouliner pour la garder avec moi, à défaut de mieux. « Héréditaire, déconseillé de faire reproduire, les poulains ayant 50% de chance d’être atteint également de cette pathologie ».

 

Je vous assure que ce jour là, le ciel est sombre malgré le soleil estival, et que ce sont les larmes aux yeux que je rentre à la maison. Ma jument est condamnée a dit le vétérinaire : 2% de chance uniquement qu’elle puisse un jour marcher à nouveau normalement et aucune chance qu’elle reprenne un jour la compétition. Même au pré à la retraite, il faudrait lui laisser une ferrure orthopédique hors de prix, et je n’en n’ai pas les moyens. Le praticien préconise l’euthanasie

 

 

Prise de conscience : à qui la faute ?

J’ai cherché des informations sur cette ‘maladie’, sur les causes réelles, mais n’ai rien trouvé de probant, ni dans les livres, ni sur le net. Alors, malgré tout ce qu’on me dit et me conseille (ou déconseille), je décide de mettre Idanha à la reproduction chez une amie, de lui ôter ses super chaussures à gel amortissant, et de la laisser au pré durant presque 2 ans, le temps du poulinage. J’aviserai ensuite, avec un nouvel examen vétérinaire… l’espoir fait vivre paraît-il !

Dans l’excellent livre de Pierre Enoff « Le silence des chevaux« , il est clairement expliqué pourquoi il ne faut pas ferrer les équidés, et quels sont les innombrables dommages que nous créons ainsi, souvent en croyant bien faire. Voici un court extrait de cet ouvrage exceptionnel :

« Quand on commence à mieux connaître les pieds des chevaux, il devient difficile de ne pas se rendre à l’évidence : avec le ferrage, le cheval est installé dans un mal-être permanent. Il ne crie pas sa douleur, il l’exprime en silence par des désordres pathologiques et par des réactions imprévisibles. »

Tout cela pour vous dire, que j’ai bien failli tuer ma jument, par ignorance et manque de connaissances en lui imposant un ferrure très jeune qui n’a eu de cesse que de provoquer des dégâts irréversibles. Et je suis loin d’être la seule dans ce cas là… je pense que bon nombre d’entre vous, se reconnaîtront dans ce témoignage.

 

Le pire étant, qu’avant d’entrer véritablement dans le milieu professionnel équestre, je ne ferrais pas mes poneys… Et tout ce passait bien ! Les acteurs économiques de la filière cheval, les clients, et mon entourage m’ont cependant convaincu du contraire. Il m’aura fallu presque 10 ans pour ré-ouvrir les yeux et affirmer mes convictions initiales comme quoi les équidés sont bien mieux pieds nus.

 

Dix années de « perdues » à faire souffrir mes partenaires chevaux et poneys que j’aimais tant. Cela fait réfléchir sur qui nous sommes réellement…

 

Vidéo traitant à peu près de la même histoire (Attention : cela n’arrive pas qu’aux autres) :

 

Huit ans plus tard !

Idahna a mis au monde un magnifique poulain isabelle à zébrures ! Puis nous avons fait des radios de contrôle de ses pieds, et aucune évolution n’était remarquable.

Alors nous avons repris ensemble le travail, les pistes de TREC et d’endurance en 2007, sur le bout des sabots… simplement pour prouver que j’avais eu raison de croire que c’était possible ! Ma jument est différente, elle fait attention maintenant où elle pose ses pieds !

la jument au trot sans ses fers

Idanha a retrouvé une locomotion naturelle et sans heurts

Après beaucoup de chemin parcouru ensemble, le plus beau cadeau était de lui offrir une pré-retraite comme poulinière, car elle est très maternelle et je lui devais bien cela ; elle m’a ainsi donné deux belles pouliches noires, et coule maintenant des jours heureux et paisibles dans un grand pré qu’elle arpente pieds nus !

chevalEt vous, à quand remonte la dernière ferrure de votre compagnon équin ?

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