J’ai toujours été attirée par ce qui sortait de l’ordinaire, ou par ce que les autres rejetaient.
Les chevaux/poneys n’échappent donc pas à cette règle qui est mienne ! Du moins idéalement ! Parfois la réalité décide que les évènements seront bien différemments de nos envies ou pensées.
J’ai commencé ma pratique équestre du haut de mes 6 ans, sur des « chevaux » (ou du moins de très grands poneys entre 1m40 et 50), puisqu’à cette époque lointaine maintenant, peu de structures proposaient des activités sur shetlands ou petits poneys, adaptés à la taille des enfants. Dès lors mes préférences (purement visuelles et physiques) sont allées immédiatement sur tous les équidés qui n’étaient ni alezan*, ni bai*, donc assez rares en France dans les années 70 : les gris, quelque soit la nuance, les pies, les isabelles, les palomino et autres robes « exotiques ».
Pas une préférence particulière, juste le choix de celui ou celle différent des autres dans sa robe, ou dans les détails de celle-ci.
Avec le temps et les années passant, j’ai appris et compris que comme le dit le dicton : « l’habit ne fait pas le moine » ! Que l’on peut avoir plus d’affinité avec un animal dont l’aspect extérieur ne nous plait pas, voire même nous repousse au premier abord ! Qu’il est souvent plus facile de lier une relation puissante et constructive avec un cheval ou poney de robe commune, et que c’est sans doute plus important que le paraître d’une jolie couleur !
Puis rapidement j’ai réalisé que j’avais un attachement et une facilité avec les équidés dont personne ne voulait, ceux catalogués comme difficiles, caractériels, in-montables, voire dangereux, etc. Je ne saurai dire si à l’époque c’était un défi, ou déjà quelque chose d’inné en moi, qui me poussait inexorablement vers ces êtres rejetés, que je ne craignais pas et qui souvent m’accordaient confiance et patience dès le premier instant. Sans doute aussi un brin d’insouciance et d’inconscience, qui fait que l’on est pleinement soi même, sans artifice ni faux semblant que les animaux détestent.
Toujours est-il que je me rappelle adolescente avoir listé ce « portrait » du cheval dont je rêvais ! C’était lors d’un concours pour je ne sais plus quelle marque de produit, et il y avait un cheval à gagner ! Sur la photo il était bai, beau, assez fort au niveau des épaules et des hanches, le nez dans l’herbe verte en train de brouter paisiblement. Je revois cette image qui a trôné des mois sur mon bureau, comme si c’était hier. Je ne lui changerai pas sa couleur, alors j’ai imaginé ses qualités physiques et mentales, les jeux et codes que nous allions mettre en place ensemble !
Je rêvais qu’il ne comprenne que moi, que notre langage, codification jalousement gardée, comme un secret d’état de la plus haute importance ! J’avais même dressé une liste d’actions correspondant à des réponses qu’il aurait du être capable de me donner. En y repensant aujourd’hui, je m’aperçois simplement que tout cela n’était déjà que de la communication en partie intuitive, et que je voulais déjà utiliser mon corps comme outil, en lieu et place des rênes sur qui tout le monde tire, arrachant la bouche des malheureux équidés. Déjà à cette époque j’étais (inconsciemment) en contradiction avec l’équitation qui était alors enseignée un peu partout.
Lorsque Twist est entré dans ma vie, il était bai (et l’est resté toute sa vie !), il avait un tempérament de fou, et un moral de guerrier. Petit par la taille, mais géant par le coeur et la volonté. Peu à peu j’ai réalisé qu’il devenait compliqué (voire dangereux) de prêter mon poney. Notre façon de communiquer ensemble était établie et instinctive, claire pour lui, pas toujours forcément pour moi, en particulier en ce qui concernait la vitesse. En dehors de ce défaut Twist à fait partie de ma vie durant plus de 20 ans, mais bien peu de cavaliers auront pu profiter de tout son savoir faire.
Puis il y a eu un évènement encore plus déterminant dans ma façon de penser et d’idéaliser mon partenaire équin. Un jour j’ai laissé parler mon coeur, écoutant un cheval que je ne connaissais pas et ne souhaitais aucunement acquérir, m’inciter à le ramener aux écuries. Depuis ce jour j’ai compris et appris que rien ne sert d’avoir un rêve irréalisable, tant de doux et beaux rêves sont chaque jour à notre portée, mais nous ne les voyons pas, pris dans nos pensées tournées vers un futur irréalisable, nous passons à côté du simple présent et de tout ce qu’il nous offre.
Ce jour là j’ai acquis un compagnon formidable, sans réellement m’en rendre compte. Il lui a fallu se battre (mentalement et physiquement) pour que je comprenne son désir d’être mon partenaire. Ce cheval qui ne me plaisait pas (il était bai, malnutri, mince, grand et pur-sang) m’a ouvert les yeux, m’a appris la confiance, la communication, l’établissement d’une relation harmonieuse dans le respect des besoins de chacun.
C’est ainsi que j’ai compris que le plus important était d’être sur la même longueur d’onde ! Que de pouvoir simplement penser pour qu’il agisse était magique et facile ! Il suffisait d’ouvrir les yeux et de vivre l’instant présent.
Ces quelques réflexions, purement personnelles sur notre idéal équin entrent dans le cadre du thème mensuel de la Cavalcade des Blogs, organisée ce mois-ci par Alexandrine (du blog Éduquer son cheval).
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