Cette histoire participant à la 20ème édition de La Cavalcade des Blogs, sur le thème d’un évènement estival marquant, vous explique en quelques lignes pourquoi je dis toujours que j’ai 25 ans, lorsque l’on me pose la question de mon âge !!
Il est de ces souvenirs, dont on se passerait bien, et pourtant ils existent bels et bien.
« Avec le temps on oublie », entend-on souvent dire… Avec le temps rien ne s’oublie, seul le temps efface peu à peu l’intensité des sentiments, l’intensité des émotions, l’intensité des perceptions. Mais les images marquantes restent à jamais gravées dans un petit tiroir de notre mémoire.
Nous sommes en août 1997, et je revois la scène comme si c’était arrivé aujourd’hui… Je me rappelle encore cette élève venue m’interpeller au sujet d’Ulysse, qui avait un ‘soucis’.
Plantons le décor !
C’est mon anniversaire, une journée qui devrait être gaie, avec une fête de prévue, des amis, le soleil, la mer, les vacances pour certains !
Je gère une petite structure équestre sur la côte atlantique et l’été est principalement axé sur le tourisme et les promenades à cheval de tous niveaux, y compris des baignades avec les poneys.
J’aime cette période ou de nombreux jeunes se retrouvent au club pour leurs vacances d’une année sur l’autre. Ils viennent m’aider, participer aux activités, encadrent les balades avec moi et une grande complicité est née entre nous tous !
Ce sont d’agréables moments en bonne compagnie.
Comme tous les ans, pour la saison estivale, je récupère quelques animaux chez mon marchand de chevaux, pour compléter la cavalerie habituelle, insuffisante à cette époque. Le troupeau doit être d’une vingtaine de bêtes au total, y compris les poulains.
En général, chaque soir, nous ramenions le troupeau dans une prairie éloignée pour la nuit. Et chaque matin, le troupeau revenait aux écuries pour la journée, ou un paddock ombragé les y attendait. Pour gagner un peu de temps, les chevaux étaient restés près des bâtiments la veille au soir, avec du fourrage.
Et c’est donc dans ce parc que les filles ont trouvé Ulysse ce matin là, qui ne bougeait pas tellement, et ne venait pas mettre son licol pour aller manger sa ration quotidienne. Son postérieur gauche « au repos » présentait une plaie sur l’arrière.
Ulysse, welsh cob alezane brûlée de toute beauté, était l’un des deux piliers du club. Tout le monde l’aimait, elle était facile à monter, pratique, volontaire, calme et généreuse.
Mais elle avait aussi beaucoup de caractère et de personnalité qui faisait d’elle la dominante incontestée du troupeau !
Quand tout bascule en quelques secondes…
En me rendant sur place j’ai instantanément compris la gravité de la situation, les conséquences que cela impliquait à court et moyen terme. Je n’imaginais pas que 18 ans plus tard je serais encore marquée par cet événement et ses images indélébiles.
Ulysse avait autant d’importance à mes yeux que Twist, avec la seule différence qu’elle était plus pratique que mon poney pour les élèves ou cavaliers de passage.
Ulysse et moi : une longue histoire pleine de passion qui c’est arrêté net ce matin là.
En voyant ma jument, les larmes ont coulées sur mes joues. Son postérieur inerte présentait une fracture ouverte du canon. Effondrée, j’ai demandé conseil à notre vétérinaire habituel, mais qui n’était pas sur place. Le verdict est tombé, il n’y avait rien à y faire, à part l’euthanasie en accord avec la compagnie d’assurance. Par chance nous étions samedi matin, et la compagnie était joignable…
D’interminables minutes d’attente pour cet accord de faire tuer. Puis trouver un vétérinaire local pour faire le travail restant.
Je me rappelle des ses moments comme s’ils venaient de se dérouler… Une première injection pour coucher la jument, puis une seconde. Les yeux d’Ulysse se sont fermés, son cœur a cessé de battre, et le monde a basculé autour de moi.
Je n’ai plus jamais souhaité fêter mon anniversaire ensuite, et le décompte d’âge c’est arrêté à l’année précédente…
Maintenant vous savez simplement pourquoi.
One Response to Joyeux Anniversaire…