Nous retrouvons aujourd’hui Naja du blog Ekitado, qui relate dans cet article invité, l’importance et le rôle du poil chez nos équins. C’est donc elle qui s’exprime dans le « je » de ce texte.
Poils équins
Ma chère jument s’apprête à passer l’hiver dehors. Son poil s’épaissit chaque jour, si bien que dans quelques semaines elle semblera tenir davantage du poney nordique que de la trotteuse. Je n’ai pas l’intention de la raser, ni de lui mettre une couverture. Propriétaire indigne ?
A quoi servent exactement les couvertures ? A mon humble avis, le meilleur usage d’une couverture, pour un cheval, c’est ça :
De la part de quelqu’un qui dédie son blog au matériel équestre, vous trouverez peut-être d’une délicieuse ironie de faire un article anti-couvertures. Pourtant, si on s’intéresse de près au matériel, c’est justement pour distinguer le bon grain de l’ivraie.
J’aimerais ici vous parler plus spécifiquement d’un article – No More Blankets – qui se base sur des faits scientifiques pour expliquer pourquoi on ne devrait pas couvrir le cheval et comment l’aider à lutter contre le froid avec ses propres moyens.
« No More Blankets » nous expose les faits suivants :
- Pour survivre, la température corporelle du cheval doit rester comprise autour de 37,5°C (c’est le cas chez tous les mammifères).
- Les propriétaires et amoureux des chevaux sont en général très au courant des dangers d’une forte fièvre, mais savent très peu de choses sur la capacité du cheval à résister au froid.
- Les chevaux ont beaucoup plus de facilités à préserver leur chaleur corporelle par temps froid qu’ils n’en ont à redescendre leur température par temps chaud.
-
Le poil du cheval est recouvert d’une substance grasse qui agit comme un matériau déperlant: l’eau glisse dessus sans pénétrer (la substance grasse s’appelle le sébum et est produite par les glandes sébacées, précise Gillian Higgins dans « Anatomie du cheval et performance »).
- Plus long est le poil, moins l’eau a de chances de parvenir jusqu’à la peau (eau froide sur la peau = température corporelle qui descend, qui ne grelotte pas après une douche froide ?).
- Les brossages réguliers retirent cette substance grasse sur le poil, et par conséquent diminuent la protection « déperlante » (les shampoings aussi).
- La boue dont le cheval ne manque pas de se couvrir participe également à protéger le cheval. Aussi, les jours où je rends visite à mon cheval sans le monter, je n’hésite pas à le laisser couvert de boue. C’est bon d’avoir des arguments pour justifier sa flemmardise !
Voilà donc ce qui permet de comprendre à quel point le cheval est bien armé pour supporter le froid par ses propres moyens. Mais l’article va plus loin : il argue que la couverture dérègle ce fabuleux dispositif de thermorégulation naturellement intégré au cheval. En effet, d’une part le cheval ne peut pas décider de réchauffer uniquement les parties de son corps laissées à l’air libre (jambes, cou, visage). Soit il réchauffe son corps entier, soit il refroidit son corps entier. D’autre part, la sueur sous une couverture engendre des problèmes métaboliques.
De cet article, je ne retiens ici que ce qui concerne le poil et la couverture. Si vous vous débrouillez en anglais, je vous encourage vivement à lire l’article en entier. Vous y apprendrez également comment le cheval maintient sa température corporelle grâce à son gras, ses muscles, et à en s’alimentant. En d’autres termes, ce n’est pas de couverture dont le cheval a besoin, mais de conditions de vie qui lui sont adaptés : un pré avec potes et abri, sans couverture, avec accès au foin 24h/24 et 7j/7.
Reste un problème : si la couverture est un mauvais remplaçant du poil du cheval, cela veut dire qu’il faut également éviter de raser le cheval. Pourtant, j’aimerais continuer à monter loulou cet hiver et avec son poil de nounours, il est trempé de sueur au bout de 20 minutes de travail. Que faire ? Pour ma part, j’ai résolu le problème avec… Une couverture. Après le travail, ma jument sue beaucoup dans son gros poil d’hiver et s’il n’est pas question de la raser, il n’est pas question non plus de la remettre au pré couverte de sueur. Je la couvre donc d’une polaire séchante et la marche jusqu’à ce que le poil sèche.
En conclusion, faut-il brûler les couvertures ? On ne le répètera jamais assez : tout est question de contexte. Les conditions de vie idéales sont difficiles à réunir, la pension parfaite difficile à trouver. Je connais une propriétaire qui préfèrerait ne pas couvrir son loulou, mais celui-ci tombe malade s’il n’est pas couvert et reste en bonne santé lorsqu’il est couvert. Inutile de risquer la santé de son cheval si vous le savez fragile. Mais si vous avez un compagnon frais et vigoureux que vous avez l’habitude de raser et/ou couvrir, essayez donc cet hiver de lui laisser son poil, et voyez comment il se porte. Et surtout, découvrez le bonheur de plonger votre nez dans un gros poil de nounours, de réchauffer vos mains dans sa fourrure chaude… Et dites à votre cheval : J’aime tes poils.
PS : Si vous connaissez déjà cette merveilleuse folle qu’est Solange, vous aurez reconnu l’inspiration de mon titre. Sinon, filez voir cette vidéo > Poils pubiens, indignez-vous !
Quant à vous, envisagez vous de couvrir votre cheval ou poney bientôt ??
Partagez vos choix et raisons dans les commentaires.
Comme le souligne Naja, tout est question de contexte et pas seulement de théorie.
12 Responses to Poils équins : indignez-vous !