Réflexions équestres
Lorsque l’on enseigne dans un centre équestre, ou ailleurs, on fini par souvent, faire toujours la même chose.
Qui plus est avec un débutant !
- On répète les consignes de sécurité, maintes et maintes fois, en sachant que de toute façon, s’il en a besoin, il les aura oublié au moment où il faudrait les utiliser !
-
On essaie de le sensibiliser au fait que le cheval est un animal et non une machine, et que ce serait sympa s’il ne lui arrachait pas la bouche dès la première prise en main des rênes ; mais en sachant aussi, que la plupart du temps, c’est peine perdue également, et que la paire de rêne sera la meilleure poignée pour se retenir. 🙁
- Alors on fini par se contenter du basique que l’élève est venu chercher auprès de nous : apprendre à monter (et à rester) sur le cheval.
- On range ses convictions profondes et ses émotions dans le fonds d’une poche, et on fait son « travail » parce qu’il faut bien gagner sa vie, en demandant par avance au cheval de nous excuser pour cette médiocre séance.
Malgré tout cela, je suis restée convaincue jusqu’au bout, qu’il faut toujours essayer de sensibiliser les gens au départ : même si un seul d’entre eux accepte de voir le cheval tel qu’il est, et non tel que la plupart des cavaliers souhaitent le voir (= comme une mobylette) ; et bien cela en fera au moins un respectueux de l’animal.
Et c’est toujours ça de gagné pour nos chevaux et poneys d’instruction,
qui sont loin d’avoir un métier facile tous les jours !
Quand le destin nous pousse à agir…
Aujourd’hui je suis confrontée à quelque chose que je n’ai encore jamais expérimenté, et ce n’est au final, pas facile non plus tous les jours !
Que je m’explique : mon compagnon n’est pas cavalier, et il y a quelque mois, n’avait jamais côtoyé ni chevaux ni poneys. En entrant dans ma vie, il est également entré dans le pays
merveilleux des animaux en général, des équins en particuliers. Instinctivement, en observant, il a appris à copier nos gestes et nos façons de faire, pour manipuler les poneys et les préparer à l’attelage (à ce sujet, c’est un excellent équipier), pour changer les chevaux de pré, ou caresser les poulains. Il m’avait dit avoir envie d’apprendre à monter, mais je n’avais pas (à mes yeux) d’animaux adaptés à cela : mon cheval est ‘délicat’ avec les humains, les hommes en particuliers / ma jument est suitée et pas vraiment adaptée à un cavalier débutant / ensuite la pouliche Byhalia n’a que 2ans 1/2 et n’est pas éduquée / mon vieux Twist est trop petit, trop vieux et trop caractériel aussi.
Peu à peu je me suis rendu compte que c’est frustrant d’avoir des chevaux tout autour de la maison et de ne rien faire avec eux.
- Pourquoi mes chevaux seraient-ils inadaptés à un cavalier débutant ?
- Pourquoi ne pas réfléchir un peu, et faire en sorte que cela ne soit que des idées reçues, et que l’on puisse profiter pleinement des animaux présents ?
- Pourquoi ne pas ‘profiter’ de former mon compagnon (JF) également aux différentes techniques d’approche et de travail au sol, et pas uniquement à l’attelage.
- Pourquoi alors, ne pas envisager de lui apprendre à monter à cheval, en cherchant à ressentir la complicité et le lien qui peuvent se créer entre un cheval et un humain ?
- Tout simplement, pourquoi ne pas lui apprendre ce que j’aurais voulu pouvoir enseigner à tous mes élèves précédents ?
Facile à dire…. moins facile à faire. Il y a comme un blocage, pour ma part, lorsque je me retrouve à lui expliquer certaines choses essentielles. Je crois qu’au fonds de moi, j’aimerais que tout cela soit intuitif pour lui, et que je n’ai pas à le lui dire. Bon, il paraitrait que cela est lié au fait, de ne plus être dans un cadre professionnel, mais privé ; qui plus est, ce n’est jamais facile d’enseigner à ces proches…
… Il faut oser se lancer et se mettre en selle !
Malgré tout j’ai envie de dépasser ce problème et de tenter des expériences nouvelles et enrichissantes. Alors voilà, ça y est, je me suis lancée, et JF a fait ses premièrs pas à cheval cette semaine :
Pour le premier cours, nous avons préparé ensemble Idanha (poulinière de 16 ans), puis je l’ai détendue à pied, sur des exercices simples qu’elle ne pouvait avoir oublié, puis j’ai fait quelques pas en selle, pour vérifier sa connexion et sa disponibilité. J’en ensuite proposé à JF de profiter de la jument qui était là, dans notre pseudo micro manège, sellée et disponible pour un essai.
Par où commencer, pour ne pas l’assaillir d’informations trop complexes,
et qu’il puisse prendre un peu de plaisir avec l’animal ?
Je lui explique comment procéder au montoir, et quels sont les gestes à faire, les réponses à obtenir. Cela ne prend pas beaucoup de temps, la jument sait exactement ou venir se placer par rapport au cube sur lequel est placé son partenaire. Tout semble facile, avec un cheval qui SAIT.
Ensuite je lui explique qu’il doit pouvoir prendre la rêne (corde) vers lui, et par une légère action, demander à Idanha de fléchir l’encolure vers son cavalier. Cela doit être facile et moelleux à obtenir.
Puis je lui explique les règles de l’oeil. Ce qu’il faut savoir et surveiller, afin d’être toujours en phase avec le cheval. En surveillant l’oeil, on ne se trompe jamais sur l’état psychologique du cheval. Tout le monde devrait savoir cela, et pourtant, ce n’est enseigné presque nulle part !
Pour finir j’aborde la façon de se mettre en selle correctement et avec légèreté. Je n’ai pas assez insisté sur la technique, pour rester droit sur un seul étrier, les deux jambes du même côté, en attendant l’accord de principe du cheval pour passer la jambe par dessus la croupe. Dans ce cas là, la selle tourne sur la barrique, et se retrouve sous le ventre ! Ce n’est pas grave, on repositionne le matériel sur Idanha qui n’a pas bougé d’un millimètre, et je mets l’accent sur le maintient de la selle avec la main opposée !
Une fois mon compagnon en selle, à nouveau je m’interroge, pour savoir par quoi commencer.
Ce qui est utile immédiatement, et ce qui peut attendre !
Les premiers pas en selle
Avant de faire marcher Idanha, je lui demande de plier l’encolure de la jument, comme vu précédemment, de chaque côté. S’assurer que le mouvement est bien compris, et qu’il est à même de le refaire si besoin est. La flexion latérale de l’encolure, empêche mécaniquement le mouvement vers l’avant ; c’est donc ce que l’on nomme ‘l’arrêt d’urgence‘, dans certaines équitations ou disciplines.
Puis je lui explique comment faire reculer Idanha, avec l’assiette, les jambes, et la corde si besoin pour corriger. Ce n’est pas facile au départ, de trouver les bonnes positions, les bons codes, le bon focus vers l’arrière, de synchroniser le tout avec l’animal, et de
comprendre quand il faut cesser de solliciter. Mais malgré cela, la jument recule plutôt bien. Nous répétons l’exercice encore une fois ou deux avant de décider de pouvoir aller en avant.
Pour la marche avant d’ordinaire, c’est facile avec elle qui veut toujours avancer… Mais ce soir là, elle restait immobile, malgré toute l’énergie que JF déployait pour l’inciter à bouger ! Besoin sans doute de savoir, à qui elle avait à faire sur son dos. Après quelques minutes d’hésitation elle s’est tout de même mis en marche. L’espace praticable étant réduit, de part les irrégularités du sol, nous n’imposons pas de contrainte de direction, simplement marcher en sentant le cheval.
Laisser l’initiative à la jument, et ressentir ce qu’il se passe. Chercher à influer sur la direction en agissant avec l’assiette et une jambe, corriger avec la corde si nécessaire. Puis alterner avec des arrêts et reculer, pour vérifier les bases, et perfectionner les mouvements et les sensations.
Cette première séance aura été relativement brève, la jument n’ayant pas été monté depuis plus d’un an et demi, mais très riche en émotions, sensations et en enseignements.
Idanha nous a prouvé que même un débutant
pouvait monter sur son dos et apprendre avec elle !
Fort de cette première expérience, je me réjouis déjà à l’idée de tenter autre chose avec nos chevaux, et de nous faire à nouveau plaisir, tout en apprenant sans cesse d’eux.
La complicité et le bonheur se partagent entre humains, ET avec les chevaux !
N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires ci dessous !
8 Responses to Un premier cours d’équitation, pas comme les autres !