On ne peut pas être bon partout !
Je n’ai jamais été douée en CSO (Concours de Saut d’Obstacle), car je ne vois pas mes abords (enfin je ne vois pas l’abord idéal, les foulées d’approches parfaites etc.), et si le cheval que j’ai comme partenaire à ce moment là n’est pas très doué non plus, ça fait un beau chantier, je vous le dis !!
Je n’ai pas honte de le dire (enfin si un peu quand même) : c’est comme ça, et il faut réussir à vivre avec (ou pas) !
Je vais vous raconter deux histoires (une aujourd’hui, et l’autre demain, avec une vidéo à l’appui) pour vous montrer que l’on survit totalement à ce genre de situations où sur le coup on préfèrerait de loin être une autruche et avoir cette faculté de se cacher la tête sous terre, comme si tout était normal…
Comme le disait ma grand mère : « Si tu n’en meurt pas, tu en ressortira grandie » (elle avait sans doute raison, mais sur le fait, on ne se rend pas bien compte, tellement on voudrait ne plus exister)
CSO : relais à l’américaine
Il y a très (très) longtemps… Enfin, ça fait quelques années de cela quoi… On doit être en 1982 ou 83…
Bon ok, ça fait très longtemps ! (oui je n’ai plus 20 ans… juste 25 ! c’est pas l’âge mental qui compte ??)
Lors de l’un de mes tous premiers concours d’entraînement de saut d’obstacles, j’avais à tout prix voulu monter ma jument préférée (une belle alezane rubican* répondant au nom de Nausicaa, et qui manquait cruellement d’expérience), contre l’avis du directeur du centre. De plus je ne saurais expliquer pourquoi, nous n’étions pas inscrits sur l’épreuve la plus facile, puisque nous étions (tous ceux du club) des cavaliers d’extérieur et que nous pratiquions rarement l’obstacle en carrière, mais beaucoup dans les bois, dès que l’occasion s’en présentait.
Ce jour là (je m’en rappelle presque comme si c’était hier), l’épreuve était un « relais à l’américaine » où l’on participait ensemble en équipe de 2 : au premier refus du cavalier A, le cavalier B prenait le parcours à l’endroit du refus, et poursuivait le circuit, et ainsi de suite… Je ne me rappelle plus trop des autres règles, mais vous allez voir que ce n’est pas très important en lisant la suite ! Je ne me rappelle pas non plus de qui étaient mes équipiers (cheval et cavalier)…
Les obstacles sont imposants et colorés, avec beaucoup de décorations ; c’est un très joli concours sur un terrain en herbe organisé pour une fête champêtre très réussie. Nos camarades passant avant nous rencontrent beaucoup de difficultés, ce qui n’est pas réellement étonnant (ni encourageant, il faut bien le dire), vu le peu d’expérience, tant des cavaliers que de leurs montures. Voilà notre tour !
Nous allons nous présenter au jury… jusque là, facile, on y arrive brillamment ! C’en est même presque trop facile… nos chevaux semblent aux ordres, et n’appellent pas leurs compagnons de prés et d’infortune. Je suis désignée comme cavalier A, c’est donc Nausicaa et moi qui nous élançons en premiers lorsque la cloche indique le signal de départ. Son galop prend rapidement un bon train, et j’aime bien, car c’est agréable la vitesse !!
Et là, sans que j’ai le temps de rien voir venir, on se retrouve à côté du n°1, puis brusquement dos à celui-ci en direction de la carrière d’échauffement (appelée paddock, dans le jargon équestre). J’avais oublié de vous indiquer que ce parcours équestre avait été conçu de façon très peu pédagogique puisque le premier obstacle se situait dos à la sortie… ce qui rend les choses bien plus compliquées aux novices que nous étions…
Durant ma cavalcade vers le paddock, le cavalier B prend son élan à son tour, pour me remplacer, pendant que je reprends mes esprits, un peu vexée, et que je me concentre à nouveau sur le parcours pour voir mon équipier réussir à peu près la même figure que moi et filer vers le paddock à son tour… Zut il faut il retourner rapidement, et franchir ce satané obstacle !
Je pense que vous imaginez la chute tragique de cette histoire sans difficulté !
Nous avons réussi à 4 (deux couples chevaux/humains) à ne jamais franchir le premier obstacle… Et à sortir la tête basse de ce joli terrain, pour élimination sur le n°1, ce qui équivaut à la magnifique prouesse de réussir chacun trois refus ou dérobades sur le dit obstacle !!
–> Ça calme assez durablement les envies de CSO, et qui plus est avec un jeune cheval inexpérimenté…
Avec le recul je me demande si j’aurai d’ailleurs fait mieux avec un autre cheval de l’écurie, car nous avions tous été très médiocres ce jour là… Mais personne n’avait fait aussi bien que mon équipe !
🙂
Ce premier épisode illustre brièvement la honte que peut ressentir une adolescente, qui était fière d’aller en compétition équestre. Comme le disait ma grand mère, je n’en suis pas morte et j’ai appris la modestie ce jour là, en ne demandant plus un cheval sans expérience et en acceptant de faire des épreuves plus faciles…
Je n’ai malheureusement pas d’images d’époque pour illustrer cette histoire et cette journée (et au final, c’est peut être mieux pour les yeux !!)
—–
Je vous invite à découvrir demain une autre histoire,
avec un autre cheval, plus de 20 ans après…
Cet article participe à La Cavalcade des Blogs, organisée ce mois-ci par Amélie du site Le (vrai) blog du cheval, dont voici le thème lancé pour cette édition.
🙂
* Rubican : se disait d’un cheval dont la robe était parsemée de poils blanc.