« Plaidoyer pour un autre monde équestre »
Si nous étions attentif au regard que les chevaux portent sur notre façon de les « aimer », nous changerions notre comportement à leur égard. (Pierre Enoff)
Un incontournable d’une bonne bibliothèque équestre.
Qui est Pierre Enoff ?
Né en 1951 à Paris, Pierre Enoff est ingénieur en génie mécanique. C’est en 1977 qu’il s’installe dans la vallée du Carol à Porta (66) au sein des Pyrénées Catalanes, afin d’y créer un gîte, des chambres d’hôtes et une ferme équestre, qui deviendra la structure ÉQUIlibre connue et reconnue.
Accompagnateur de Tourisme Équestre, Pierre encadre des randonnées à travers les massifs franco-espagnols de cette belle région du Parc Naturel des Pyrénées, ainsi que des transhumances de plusieurs jours, sur sa cavalerie, née et élevée sur place depuis une trentaine d’années. Environ 80 chevaux vivent en liberté sur d’immenses espaces ouverts, et ce toute l’année !
Le Centre de Porta est devenu une référence en matière de chevaux pieds nus, montés sans mors et en partenariat avec l’humain.
Pierre nous dévoile dans son livre « Le silence des chevaux », la souffrance (silencieuse justement) de nos fidèles compagnons de route, qu’il à pu étudier à loisir sur un important panel d’équidés, depuis de nombreuses années maintenant, au sein de sa ferme nichée au milieu des montagnes.
Comme aime à le dire Pierre : « à Porta, les chevaux naissent, mais ne meurent pas ! » lors d’une interview filmée que vous pouvez visionner à la fin de cet article.
De quoi parle « Le silence des chevaux- plaidoyer pour un autre monde équestre » ?
L’ouvrage de Pierre Enoff aborde les relations inter-espèces entre l’humain et l’équidé ; il remet en cause les traditions équestres militaires bien ancrées, en s’affirmant à contre courant des pratiques actuelles de l’équitation.
Il évoque le bien être animal, les conditions de détentions et les raisons de ne pas ferrer les chevaux, ou la nécessité de les déferrer selon les cas, tout en étayant ses propos de démonstrations scientifiques avérées, de schémas et d’illustrations.
La préface est de Claude Gudin, ingénieur et docteur en biologie (CNRS, INRA, CEA), mais également auteur de nombreux articles scientifiques et brevets, ainsi que de plusieurs livres dont « Une histoire naturelle de la séduction ».
Claude Gudin estime que l’ouvrage de Pierre, « Le silence des chevaux » est très bien documenté avec une argumentation scientifique évidente.
Il est temps de sortir le cheval de l’univers carcéral qu’on lui réserve bien souvent, en lui redonnant la liberté de marcher pieds nus dans l’herbe pour s’y nourrir.
Cela résume assez bien le sujet traité ! 🙂
Le découpage du livre en 5 grands chapitres, que nous allons voir ci dessous, est complété par un abécédaire impertinent (intéressant à découvrir), une bibliographie et se termine par une postface d’Olivier Sirot, instructeur et ancien écuyer du Cadre Noir de Saumur. Les extraits issus de l’ouvrage et les citations de l’auteur sont en vert, afin de les identifier rapidement.
Le sommaire du livre
Chronique et résumé du livre « Le silence des chevaux »
Introduction : du cheval de guerre au cheval partenaire
Le cheval sauvage est ainsi devenu cheval de labour, cheval de transport, cheval de guerre, cheval de boucherie… Un bon ouvrier, un esclave puissant, docile, et surtout, en cas de rébellion, facilement convertible en steaks.
Pierre Enoff met en évidence que l’alliance entre l’homme et l’animal s’apparente bien plus à une relation déséquilibrée de type asservissement ou régime pénitentiaire que tout autre chose.
Alors que les loisirs équestres se démocratisent, le regard de l’homme sur ce compagnon n’évolue pas et il continue de lui imposer des principes contraignants :
- isolement
- alimentation choisie (souvent inadaptée à ses besoins)
- travail à la demande
- etc.
Comment peut-on parler d’amour des chevaux, cet amour que claironnent jockeys et cavaliers des centres équestres alors qu’ils perpétuent eux-même les pires traditions ?
Le changement des mentalités est en route, mais les remises en causes de traditions séculaires sont difficiles, d’autant qu’il faut un minimum d’ouverture d’esprit et savoir ce qu’est le respect. Respect qui soit dit en passant, semble cruellement manquer encore de nos jours, dans toutes nos institutions équestres.
L’homme abuse avec ses congénères, avec les autres espèces. Ne soyons pas complices de cette démarche peu honorable ! Commençons à grandir dans notre relation à l’autre. Refuser cette prise de conscience, c’est nous ignorer nous mêmes.
Chapitre I : Ouvrez ouvrez la cage aux chevaux !
Le statut des équidés passe du cheval militaire ou cheval de labour, à compagnon sportif ou de loisir. Seulement il reste un petit soldat enfermé dans sa caserne (=box) et toujours de corvée.
L’auteur parle alors de « boîtes » pour les boxes à chevaux :
Box : nom se voulant « technique » pour désigner la cage dans laquelle se trouve enfermé le cheval.
En général, elles mesurent 3 à 4 m de côté pour 2,50 m de haut, c’est-à-dire que le cheval dispose d’une marge de manœuvre de quelques dizaines de centimètres.
Ramené à notre corpulence, cela équivaut à un enfermement dans une cabine téléphonique – sans sanitaires et dans laquelle la nourriture serait jetée à même le sol.
On peut aussi penser à un poisson rouge dans un verre d’eau.
Pierre Enoff dénonce même avec humour (ou cynisme, ou tristesse ?) la vente de boxes extérieurs pour le bien être de nos équidés modernes !!
Marcher et manger
Deux des principaux besoins physiologiques des équidés sont de brouter plus de 12h/jour, et de marcher (10 à 15 km/jour) à la recherche de cette nourriture.
A la recherche du bien être
On pourrait facilement croire que le cheval aime son box, tant il est parfois pressé d’y retourner après sa séance de torture d’exercice avec son cavalier…
Il s’agit donc de ne pas confondre notre propre recherche du mieux être, avec celle des chevaux. On n’a jamais vu un cheval partir avec sa boite à outils pour se construire un box. Ce n’est pas dans sa nature !
Un besoin vital d’espace
Lâcher son équidé dans un lieu de vie adapté à son espèce implique d’accepter :
Un espace diversifié
Plus l’espace est vaste et varié plus le cheval sera à même de se gérer seul en consommant la végétation qui lui convient le mieux à l’instant T, sous réserve d’avoir préalablement été éduqué, bien évidement !
Les arbres, haies, bosquets ou zones boisées sont fortement appréciées pour servir d’abris naturels, de grattoir, et de garde manger ponctuel.
Vivre en groupe
Animal grégaire par excellence, l’équidé a besoin de s’épanouir dans un groupe (=une famille) où il y trouvera 1 ou 2 compagnons privilégiés.
Intégrer un nouveau venu
Se faire accepter dans un groupe déjà établi, demande une bonne dose de savoir-faire, car le nouvel arrivant sera invariablement rejeté par tous les autres. Comportement normal, puisque l’équidé supplémentaire remet en cause directement la ‘survie’ du groupe sur son territoire (=1 bouche de plus à nourir)
On voit également des chevaux habitués à une nourriture servie sur un plateau ne pas savoir manger de l’herbe au sol, ou boire au ruisseau, d’autres qui, trop longtemps isolés, n’ont plus de ‘vocabulaire’ pour communiquer avec leurs congénères.
Les chevaux enfermés sont de véritables handicapés sur le plan sensoriel.
Le besoin d’exercice
Marcher, arpenter, découvrir, se dépenser est vital pour le cheval qui peut ainsi éliminer nombre de toxines, tout en se fortifiant musculairement et intellectuellement.
Quel délit à donc commis ce noble animal symbole d’espace et de liberté, pour se retrouver ainsi derrière les barreaux ?
Chapitre 2 : Naître et grandir tranquillement
Le sevrage social
Trop d’interventions sur un jeune animal, le prédispose immanquablement à se tromper de référent par la suite, et à ne plus vraiment se considérer comme un équidé, ce qui à terme cause des désordres graves.
On se doit de respecter certaines limites dans la relation inter-espèces.
Un liquide magique
Le colostrum produit par la mère offre au poulain un maximum d’immunité pour son système digestif ; puis la composition du lait fluctue selon l’alimentation de la poulinière, afin de faire connaître (reconnaître) au jeune différents goûts (différents végétaux).
Le poulain est apte à quitter sa mère entre 15 et 24 mois lorsqu’il a physiquement et mentalement intégré la diversification alimentaire.
… ce qui est loin d’être le cas dans nos élevages modernes, qu’ils soient professionnels ou amateurs.
Le stress de la rupture
L’auteur explique comment palier au mieux au sevrage artificiel, lorsque le choix ne se pose pas, afin de limiter le stress, le désespoir et les risques qu’induisent une séparation aussi brutale.
Se substituer à la mère et au groupe, souvent pour des raisons mercantiles, est générateur de problèmes comportementaux. Permettre à son poulain de devenir un individu équilibré et en pleine santé est en revanche un acte responsable.
L’homme et les jeunes chevaux
On oublie trop souvent que de manière générale les équidés sont de grands adolescents jusqu’à 7 ans, et qu’il est donc normal qu’ils fassent les jeunes fous jusque là !
Le débourrage est simple et facilité lorsqu’une relation à long terme est tissée avec le cavalier, et que le poulain vit dans un groupe acceptant l’humain.
Le cheval est disposé à entretenir une relation inter-espèces, à nous d’en être digne.
Respect et confiance mutuels
Le respect est valable dans les deux sens, or bien souvent, il est un peu trop oublié par l’homme qui considère toujours le cheval comme devant être disponible à tout moment.
Il faut mettre en place la relation la plus harmonieuse possible. Cela implique qu’aucun des deux individus ne soit pénalisé. Généralement, c’est bien sûr le cheval qui est contraint. Il n’y a aucune raison qui justifie cette démarche. De plus, ce concept étriqué de contraintes et de dominance altère les conditions basique de sécurité. Un individu contraint est un individu potentiellement dangereux soit pour lui-même soit pour son entourage.
À chacun son rythme
Les chevaux sont d’une tolérance extraordinaire, qui plus est comparé à l’humain !
Chaque équidé est différent, tout comme l’homme, et un peu de patience, d’observation, voire de questionnement, seront les meilleurs outils pour une approche sereine et tranquille.
Dans le monde équestre traditionnel psychorigide où tout le monde à peur de passer pour un imbécile, il faudrait faire semblant de tout savoir alors qu’on ne sait rien. Or, chacun de nous avance et progresse à son rythme dans la relation avec les chevaux…
Encart sur « Le cheval et la loi des hommes »
L’homme si peu raisonnable est obligé de fixer les conditions de vie de ses animaux, dans des textes législatifs écrits !
En France c’est le code rural qui définit ces impératifs, par l’article L214-1 : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans les conditions compatible avec les impératifs biologiques de son espèces »
Cet article du code rural français place de ce fait, bon nombre de propriétaires hors la loi, avec les Haras Nationaux en tête, suivis de Saumur et autres « prestigieuses » références qui n’ont que faire des impératifs biologiques du cheval.
Pour l’équidé, la liberté de mouvement est un impératif biologique lié à son espèce.
Chapitre 3 : Locomotion, l’enfer du fer
Les dégâts de la tradition
Le ferrage fait partie des traditions, au même titre que la corrida, les combats de chiens, coqs, chevaux, etc., ou encore l’excision, l’esclavage organisé et les petits pieds (atrophiés) des chinoises…
Au 21ème siècle, je pense sincèrement qu’une tradition (terme sacro-saint et intouchable) basée sur la souffrance d’un être vivant doit être abolie.
L’ongle du cheval, qu’on assimile à la paroi du sabot et aux barres, est un ensemble de poils agglutinés qui n’a pas été conçu pour porter un individu. C’est uniquement un organe protecteur et sensitif. C’est pourtant sur ce contresens que repose le principe du ferrage !
Le cheval ferré est un handicapé sensoriel qui ne peut plus sentir ni ressentir le sol et toutes ses aspérités sous ses pieds ; de ce fait il ne peut interpréter comment ni où poser ses sabots sans risques (pour lui, comme pour son cavalier).
Vibrant à une fréquence uniforme, le fer rend « sourd » le cheval ferré. Il marche n’importe où, ce qui ravit bien sûr le cavalier ignorant, mais nuit gravement à ses articulations et à ses tendons…
L’auteur n’hésite pas à dénoncer les « traditions » comme lucratives :
- nombre de vétérinaires se font rémunérer pour des pseudos études scientifiques démontrant la nécessité du ferrage,
- nombre de maréchaux ferrant pour la pose d’orthèses (fers) inadaptées,
- et les laboratoires pharmaceutiques pour soigner les dégâts consécutifs à de telles pratiques.
La science invalide la pratique du ferrage
Amortir les chocs liés au déplacement à grande vitesse est le rôle primordial du coussinet plantaire. Or équipé d’un fer, ce coussinet s’atrophie et devient inopérant, au détriment du coussinet périphérique qui est alors anormalement sollicité et n’est pas du tout prévu pour cela !
Les différentes phases de la locomotion sabots libres
Étude avec images et schémas des phases d’approche, de réception, d’appui et de mise en équilibre, puis de propulsion.
Les onguligrades n’existent pas
Le cheval comme tous les ongulés, marche sur le bout de son doigt. Ce bout du doigt est protégé par un ongle (paroi du sabot) dont le rôle est la protection des tissus internes et la proprioception.
Et c’est cet ongle protecteur qui à valu au cheval d’être classé comme onguligrade !
Extrait du livre : schémas et illustrations précises.
Une mauvaise circulation
Le coussinet plantaire agit comme une pompe avec le flux sanguin, lors de chaque impact au sol. Avec une ferrure on empêche le pied de s’écarter, la pompe de fonctionner, et c’est donc le muscle cardiaque qui est sollicité anormalement une fois encore, usant prématurément l’animal.
Cette assistance cardiovasculaire au niveau de chaque pied ne fonctionne que si toute la « mécanique » naturelle réglée au millimètre près, est en état de le faire ; et en particulier l’os naviculaire qui, de par sa position permet un déplacement harmonieux (ou non) de l’animal.
Vérifiés et vérifiables, tous ces désordres engendrés par le ferrage et résumés ci-dessus sont purement ignorés par le monde équestre. Le corps vétérinaire lui-même ne parvient pas à observer le phénomène avec le regard scientifique qui s’impose puisque dans les manuels, les modèles étudiés sont tous représentés ferrés.
Comment être en accord avec la nature en faisant sciemment « mal » à un animal que nous voulons proche de nous, avec qui nous souhaitons partager des moments de bonheur et non plus des champs de bataille ou de labour ?
Le prestige de l’uniforme : l’aplomb parfait
Chacun de nous a des aplombs et une démarche qui lui est propre. Il en va de même pour les équidés, sur lesquels la pose de fers n’améliorera non seulement rien, mais produira des conséquences souvent irréversibles.
Le cheval pieds nus fait naturellement et simplement un travail que certains intervenants essayent de nous vendre. La nature, reine de la diversité, reste la mieux disante.
Les gardiens de la tradition
Nous avons pris et gardé l’habitude de ferrer les équidés alors qu’il est maintenant prouvé que c’est inutile et néfaste…
En configuration de ferrage, les phalanges sont anormalement mises à contribution. N’étant pas dimensionnées pour emmagasiner l’énergie lors de l’impact au sol, elles peuvent « exploser » sous la contrainte. Ce phénomène est accentué pas la présence d’un cavalier qui augmente la masse et donc l’énergie cinétique. Avec le fer, le système de « suspension » est rendu inopérant. Si votre cheval est ferré : surtout pas de cavalier sur son dos !
Remise en question ?
Compliqué pour certains professionnels d’admettre que les chevaux ne nécessitent pas de fers ou de sandales à demeure…
Encore plus difficile de se remettre en question lorsqu’un travail rémunérateur est en jeu…
Tout le monde se cache et se retranche derrière la formulation facile et aberrante « le fer… un mal nécessaire » qui est utilisée à tout bout de champs (et d’écuries !) comme prétexte à la ferrure.
La majorité silencieuse
Les centres équestres se devraient de montrer l’exemple en prenant soin de leur cavalerie, qui deviendrait plus performante à long terme, plus fiable, donc plus rentable également (puisque « rentabilité » est le principal mot qui rime avec centre équestre). Mais hormis quelques Centres de Tourisme Équestre sensibilisés au bien être animal, force est de constater que tout le monde se rallie à l’idéologie dominante, même si elle n’est pas fondée, et destructrice.
–> Pourtant, une grosse structure équestre urbaine à franchi le cap voici quelques années, grâce à son président J-L Schaff, compétiteur de TREC. Aujourd’hui les 70 équidés d’instruction du CE de Grand Poitiers, après une transition réfléchie et préparée sont pieds nus, et tout le monde à survécu ! Si si si !!!
D’autant plus que pour évoluer principalement en manège ou carrière la ferrure est loin d’être nécessaire… Les idées reçues ont la vie dure.
La croyance selon laquelle le sable est agressif pour la corne n’a pas de sens. C’est bien connu quand on arrive à la plage, on met des chaussures pour ne pas s’user les pieds !!
Pourquoi ce genre d’initiative n’est-elle pas relayée par les médias, pour montrer l’exemple et le bon cheminement à suivre ? Question purement économique : sponsors, publicités, etc.
Toutefois, la Fédération Française d’Équitation commence à aborder le thème pieds nus dans son cursus d’examens… Un premier pas est peut-être fait dans le bon sens !
Raccrochons les fers au porte-manteau, pour le mieux-être de nos équidés !
Crédit photo : Gino
Chapitre 4 : Déferrage, mode d’emploi
Un mal-être permanent
Quand on commence à mieux connaître les pieds des chevaux, il devient difficile de ne pas se rendre à l’évidence : avec le ferrage, le cheval est installé dans un mal-être permanent. Il ne crie pas sa douleur, il l’exprime en silence par des désordres pathologiques et par des réactions imprévisibles.
Le cheval déferré est dans la configuration d’un accidenté qui doit réapprendre à marcher progressivement et avec le temps nécessaire pour faire face à ce handicap.
Il est surprenant de noter combien les propriétaires s’affolent pour une éraflure sans conséquence dommageable alors que dans le même temps le cheval ferré voit l’ensemble de son doigt détruit. Il est vrai que cette destruction invisible s’opère en silence.
Réapprendre à se déplacer
Il est parfois étonnant pour le cavalier d’observer le changement chez son cheval qui auparavant passait partout n’importe comment (faute de sensations) et maintenant est prudent, attentif à ses appuis et recherche le meilleur passage.
Comment procéder ?
Une rééducation complète est nécessaire.
Patience et bon sens doivent toujours être présents, afin de ne pas ‘craquer’ devant une démonstration visuelle de « douleur » du cheval qui réapprend à se servir de ses pieds.
Rappelez vous alors, qu’avant cela, il a souffert, mais bien souvent toujours en silence.
Une transition prudente
Contrairement aux idées reçues et transmises par certains professionnels, plus l’on coupe et use la corne, plus la pousse de celle-ci est stimulée.
La meilleure rééducation du cheval pied nus peut se faire en main, sur la route. Le goudron sert de râpe naturelle lorsque l’animal est en mouvement, et c’est ce qu’il y a de plus efficace et de plus juste.
Assurer l’entretien hygiénique de la boite cornée
De nombreuses illustrations expliquent et montrent comment tailler l’ongle, entretenir les lacunes, la sole, etc.
Mais à mon sens, cela ne remplace pas une formation minimum sur le terrain avec une personne d’expérience.
Le syndrome du ferrage
Il semblerait que la mystérieuse maladie naviculaire ne frappe que les chevaux ferrés.
Pur hasard ? Coïncidence ? ou conséquence du ferrage ?
Je vous laisse y réfléchir par vous même…
Ce dont souffre la plupart des chevaux « modernes » est le syndrome de ferrage : sans de tels appareillages bon nombre de nos équidés ne présenteraient pas autant de pathologies diverses et variées…
Mais cela, c’est à chacun de nous, d’en prendre conscience réellement.
Mes 4 poneys pieds nus sur le bitume, évoluent sans aucun problème depuis des années maintenant.
Chapitre 5 : Désespérance de vie
La course à l’échalote
Saviez-vous que les poulains destinés aux compétitions sportives (tout particulièrement aux courses hippiques) sont engraissés alimentés à la manière de poules, porc ou autres animaux de rente, de manière à avoir une croissance plus rapide ?
Des yearling (poulains prenant un an) qui s’apparentent (visuellement seulement) à des poulains de 3 ans, cela ne choque personne ?
Pour gagner quoi au final ? Un cheval qui rapporte plus tôt des gains, mais qui durera moins longtemps… Économie quand tu nous tient !
Racisme équin
De nos jours, il est de loin préférable de naître cheval sans certificat d’origine et sans race définie, car les poulains racés sont destinés à un avenir peu enviable, alors qu’ils ne sont encore que des bébés, et qu’ils n’ont surtout rien demandé de tout ce qui va leur arriver.
Nous avons aboli le travail des enfants, alors pourquoi imposer ces mêmes souffrances à nos jeunes animaux ?
Réformés dès l’adolescence
9 chevaux sur 10 sont « réformés » des courses. C’est à dire mis au rebut, car ils ne supportent pas le traitement de choc infligé aux jeunes chevaux : dopés aux hormones de croissance, anabolisants, anti-inflammatoires et autres antibiotiques, sans compter la ‘mise à l’entraînement’ dès l’âge de 18 mois…
Inutile de croire que tous ces animaux (de rente) sont ensuite ‘sauvés’. Si tant est que ce terme soit adapté, car peut-on réellement réhabiliter ces équidés détruits physiquement, sans y laisser une fortune en soins vétérinaires ? Quoi qu’il en soit, la majeure partie d’entre eux (plus de 10 000 par an) approvisionne les étals en viande chevaline.
{Je m’interroge au passage sur l’aspect sanitaire et sain d’une telle viande… mais ce n’est pas le sujet du jour.}
Jouer sur l’émotion en menaçant de mettre un jeune cheval à la boucherie crée le trouble chez l’amoureux des chevaux. C’est bien l’effet recherché. Nombre de passionnés croient, tout en faisant une bonne action, réussir une bonne affaire. L’avenir va leur apprendre que ce cheval adopté ou acquis au prix de la viande va leur coûter très cher. Le vétérinaire peut se frotter les mains. Il existe une multitude de témoignages de propriétaires de chevaux dit réformés qui ne s’en sortent pas. Déglingués dès leur naissance par des produits et des pratiques destructrices, ils ont toutes les chances de devenir des individus à problèmes.
On sauve les apparences
D’un côté on envoie des jeunes chevaux à la boucherie après les avoir massacrés, et d’autre part on prend des mesures (qui comparativement paraissent ridicules) comme la limitation du nombre de coups de cravache qu’il est autorisé d’administrer à un animal (en public)…
Cela pour se donner bonne conscience et montrer une belle image du monde des courses…
Les parieurs rêvent, l’État encaisse, les jockeys soignent leur ego puis plus tard leurs lumbagos, les entraîneurs se prennent pour des hommes de chevaux et les vétérinaires expérimentent leurs potions magiques. Les sociétés de paris se régalent et les chevaux, qui n’ont rien demandé, encaissent physiquement et mentalement dans le silence et l’indifférence, qu’ils soient stars médiatiques ou coureurs anonymes.
Le monde des courses qui en fait rêver plus d’un…
Les chevaux meurent adolescents
L’homme est le seul « prédateur » du cheval domestique. Il en mange quelques-uns et, par tradition ou par ignorance, en fait souffrir et mourir beaucoup (trop) d’autres. En fréquentant l’homme, le cheval met en péril sa santé mentale et physique, et voit son espérance de vie drastiquement réduite.
Les assureurs refusent souvent de prendre en charge un équidé de plus de 10 ans, sans certificats vétérinaires draconiens, car ces derniers présentent un trop grand risque de mortalité…
Le saviez-vous : près de 60% des chevaux meurent de troubles digestifs, en France, dans le Calvados ? Et c’est aussi 50% des cas de mortalité des équidés d’instruction.
D’où vient donc cette « maladie » qui tue les chevaux les plus surveillés de France ? Pourquoi les coliques sont-elles devenues une véritable hantise pour les propriétaires ? Y aurait-il une calamité qui frappe les chevaux au point de les faire mourir si jeunes ? La réponse est claire : c’est bien l’intervention inadéquate de l’homme dans la vie du cheval qui le fait souffrir systématiquement et mourir prématurément !
Les cavaliers, enfants gâtés
Il n’est pas toujours facile de sortir du lot de la majorité silencieuse et d’assumer cela face aux pseudos professionnels du monde équestre… Ce sera pourtant seulement en cessant de cautionner de telles pratiques envers les chevaux que les mœurs et mentalités évolueront…
Quand on dit aimer le cheval, cela impose un certain nombre de démarches -entre autres connaître et respecter ses besoins vitaux… Le problème est que le discours « officiel » oublie la véritable cause des désordres qui tuent les chevaux. La simple vérité est-elle trop difficile à entendre, le changement de comportement trop troublant ?
L’équitation, sport de combat ?
Trop souvent l’équitation est décrite comme sportive ou violente ; qui plus est lorsqu’il s’agit d’éduquer de soumettre un jeune cheval aux meilleures volontés des hommes.
Un cheval contraint fera tout ce qu’il peut pour se débarrasser de l’humain ; alors qu’un cheval partenaire fera tout pour ne pas perdre son cavalier…
Pourquoi se battre contre plus fort que soi, lorsqu’il accepte simplement de coopérer ?
Conclusion
Le constat est sévère, mais réaliste.
Des cavaliers sont régulièrement mis en danger par simple ignorance.
Difficile de se débarrasser des œillères qui mènent inéluctablement à des relations rigides.
« La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite les animaux » – Gandhi.
Abécédaire impertinent
Le nombre de définitions que l’on y trouve et que j’aimerai partager aujourd’hui avec vous est trop important pour les retranscrire ici, mais je n’ai pas résisté à vous en sélectionner malgré tout quelques extraits !
DOPAGE :
Le dopage inonde le monde de la compétition. Le monde du cheval n’évite pas ce travers. Il peut conduire à des situations ubuesques : dans le monde des courses de trot, l’absence de fers sur un cheval est considéré comme un dopage déguisé. En effet, les vétérinaires chargés du contrôle anti-dopage savent bien que le sabot libre permet une assistance cardio-vasculaire performante. {…}
GRANULÉS :
Nourriture particulièrement inadaptée aux chevaux. Le sucre (mélasse) est très présent, que ce soit dans les bonbons pour chevaux ou dans les granulés. Rappelons que le sucre est une drogue plus dure que la cocaïne qui rend les chevaux « accros ». Leur comportement est très perturbé quand ils sont en manque. {…}
HOMÉOTHERME :
Le cheval n’est pas un serpent. C’est un mammifère donc homéotherme, ce qui signifie que l’ensemble de son corps est à la même température. Souvent, les vétérinaires s’inquiètent quand le « pied » du cheval est chaud. Effectivement, un cheval ferré a le « pied » plutôt frais étant donné que la circulation sanguine ne s’effectue pas normalement en présence de fers.
NÉVRECTOMIE :
Section partielle d’un nerf, ou exérèse d’un nerf. Cette opération barbare est pratiquée chez les chevaux victimes de pathologie digitales. Au lieu de rechercher la cause régulièrement liée au ferrage, le praticien préfère couper l’information « douleur » en sectionnant le nerf entre la sole et le boulet ! Cette pratique est uniquement prohibée dans le cadre de la compétition, non pas par respect du cheval, mais parce qu’elle met en danger le cavalier, la monture ne réagissant plus à la douleur. Belle mentalité !
TRAVAIL EN LIBERTÉ :
Dans le monde équestre pseudoéthologique, le travail s’opère généralement dans la cour de la prison pour chevaux appelée aussi manège, paddock, ou encore rond de longe. Notion très particulière de la liberté. L’image de liberté que prétend représenter le monde du cheval est bien écornée !
Et bien d’autres encore pour votre plus grand plaisir de lecture 😉
Postface
Cette ultime partie du livre le silence des chevaux, de Pierre Enoff, est rédigée par Olivier Sirot, instructeur BBES2 et formateur, ex écuyer du cadre noir, qui porte un regard juste sur le monde équestre ainsi que sur son parcours personnel :
Oui, j’ai monté des chevaux ferrés, vivant au box, j’ai longtemps monté en filet avec un mors, et même en bride comme tout le monde, parce que j’ai appliqué ce qui m’a toujours été enseigné. Durant ma carrière, j’ai quelques fois été trop dur avec mes chevaux, dépassé les limites du raisonnable, fait beaucoup d’erreurs au détriment des chevaux qui m’ont toujours pardonné mes maladresses.
J’ai compris que je prétendais aimer les chevaux, alors que j’aimais l’équitation.
Monter à cheval au naturel n’enlève absolument rien à la technique équestre.
Points forts et points faibles de cet ouvrage :
Les points forts
- J’ai aimé ce livre car il démontre scientifiquement les théories avancées. Ce ne sont pas des paroles en l’air, sans fondements précis.
- Il est facile et agréable à lire. Le texte est aéré par des illustrations en tout genre, des encarts, des anecdotes, etc.
- Ouvrage particulièrement imagé : nombreuses photos, schémas explicatifs, dessins, etc.
- Ce que j’ai préféré c’est qu’il fait ouvrir les yeux sur le monde dans lequel nous vivons, et pas uniquement sur le monde équestre. Il invite à une réflexion personnelle, à un cheminement pour le mieux être de nos compagnons équins, qu’il est difficile d’ignorer après lecture.
- Le prix est largement abordable (25€), compte tenu de la qualité et de la pertinence des informations contenues dans l’ouvrage.
Les points faibles
- Certaines informations sont redondantes de mon point de vue, bien que je suppose que cela soit consciemment voulu par l’auteur, afin d’insister sur certains dysfonctionnements de notre société.
Découvrir Pierre Enoff dans cette vidéo :
!! passez la première minute qui est en espagnol, afin d’accéder directement à l’interview en français !!
Si vous avez déjà lu ce livre qu’en avez-vous pensé ?
Sinon, quand comptez-vous vous le procurer ???!!!
Partagez vos impressions et ressentis dans les commentaires…