Lorsque Théo Duverger me demande de réfléchir au thème de la relation à l’autre (le besoin ou l’envie), c’est tout naturellement que j’oriente cette question vers la relation aux êtres vivants, pas seulement aux humains, mais notamment aux animaux et tout particulièrement aux interactions que nous pouvons avoir avec les chevaux.
Ce sujet est tellement vaste, que je ne sais par quel bout l’aborder pour ne pas vous dresser un pavé de 200 pages en trois tomes !! Pour vous épargner cela, je vais me contenter aujourd’hui, de lister les différents types de cavaliers que j’ai pu croiser durant des années d’enseignement et d’accompagnement, et exprimer ainsi le genre de relation que chacun peut entretenir (ou non) avec les équidés.
Qui dit relation, dit interactions
Les différents types de relations aux équidés
Le cavalier au sens strict
Beaucoup de cavaliers que j’ai croisé durant ma carrière d’enseignante et de coach, se disent « amoureux des chevaux » alors qu’ils ne sont en fait passionnés que par l’équitation dans son sens le plus strict, qui consiste à monter sur l’animal, et à pratiquer une activité sportive.
L’équitation, un faire valoir ?
Pour certains c’est même un défouloir, un exutoire, au détriment bien souvent des équidés qui font les frais de ces cavaliers peu scrupuleux, qui ne les utilisent qu’à la manière de machines, et de faire valoir. Pour eux le cheval n’est qu’un outil, un moyen de parvenir à leurs fins ou à leur plaisir. Ces personnes n’ont d’ailleurs presque jamais de relations privilégiées avec les chevaux, car cela ne fait pas partie de leur préoccupations.
Mais la grande majorité est simplement heureuse de poser ses fesses dans une selle (si possible pas trop inconfortable, bien que cela soit un détail insignifiant pour eux), et d’exploiter la puissance, la patience et la générosité de leur monture. Bien souvent s’il est nécessaire de préparer l’animal en amont de la séance hebdomadaire (= le seller après l’avoir brossé et curé), ils se feront aider par des camarades, car cela ne les intéresse pas réellement non plus. Peu d’entre eux se rappellent d’ailleurs qu’ils montent sur le dos d’un animal vivant ayant des sensations, des émotions et pouvant même avoir de fortes réactions, souvent à leurs dépends d’ailleurs !
==> L’équitation est pour eux un besoin vital, pas la relation à l’animal
Le cavalier timide
Pour lui le cheval est une manière de s’exprimer, d’extérioriser ses sentiments, ses joies et ses souffrances. Il partage avec l’animal une relation particulière qu’il ne peut pas entretenir facilement avec les autres êtres humains. Il (ou elle bien entendu) passera souvent de longues minutes, voire une heure, à préparer son cheval ou poney, tout en lui parlant, oralement ou mentalement.
le poney devient vite le meilleur confident
L’équidé devient confident. Un confident sans faille qui ne répètera jamais rien des secrets qui lui sont si doucement confiés. Curieusement même les animaux anxieux au naturel, sont à l’écoute facilement de ces personnes là, parce qu’au fond d’eux, ils savent qu’ils ne craignent rien, et peuvent partager, voire apporter beaucoup à ces être humains souvent en détresse émotionnelle.
Une fois sur le dos de l’animal, jamais il n’aura un geste de brutalité, devenant même la cible parfaite des chevaux farceurs et intelligents qui se régalent de « jouer » avec ses personnages trop timides qui n’osent pas s’affirmer. Ceci est d’ailleurs un réel soucis pour l’enseignant qui se doit d’adapter sa cavalerie à ces cavaliers là, sous peine de les voir renoncer. Ils ont pourtant un potentiel relationnel qui leur permettrait de devenir d’excellents cavaliers ou hommes de chevaux (je parle toujours au masculin… mais c’est valable aussi pour les filles !!), mais ils ne s’en donnent bien souvent physiquement, pas les moyens.
==> Pour lui le contact avec l’animal est un besoin évident et lui permet ses premières relations aux autres facilement. Les chevaux l’aideront tôt ou tard à développer l’envie de relation avec les humains également.
Le cavalier passionné et passionnant
Très tôt dans son apprentissage, ce type de personnage s’intéresse à tout ce qui touche à sa passion, de près comme de loin : de l’hébergement de son partenaire équin, à l’entretien de ses pieds, sa nourriture, ses camarades de pré, ses autres cavaliers, la filière équestre et les différentes professions en rapport. Il est abonné à plusieurs magazines traitant du sujet, ne rate aucun film ou apparaissent des chevaux, suit l’actualité sportive hippique et bien sûr ne rate rien d’Équidia (chaîne télévisée spécialisée) !
Il vit Cheval, parle Cheval, pense Cheval, dors Cheval, etc. Tout cela très souvent au détriment de son entourage qui s’il n’est pas un minimum impliqué des les mêmes activités, finira par ne plus pouvoir les voir en peinture. Même malade, il ne ratera pas son cours hebdomadaire, et encore moins une compétition ! Quinze jours de vacances sans voir un équidé est inconcevable à ses yeux, et ne sont plus de vacances pour lui !
On le retrouve généralement à traîner dans les écuries de toutes les structures hippiques, dès qu’il le peut, pour participer activement aux tâches quotidiennes. Il sait exactement ce que mange quel cheval, et comment s’appelle le dernier arrivé. Il admire son enseignant secrètement ou ouvertement, et cherche à la fois à lui ressembler et à l’épater. Il partage facilement et de bon coeur, ses connaissances avec les plus novices que lui, pour les aider.
==> Le cheval est pour lui une raison de vivre, une envie qui deviendra rapidement un besoin addictif.
L’homme (ou la femme) de cheval
cavaliers et chevaux heureux
Souvent passionné par l’animal et par l’équitation, par l’éthologie (science étudiant les animaux sauvages dans leur milieu naturel) et toutes les disciplines praticables avec un équidé comme partenaire, ce cavalier est à l’écoute permanente de son cheval et des autres. Il remet régulièrement les choses établies en question lorsqu’il pense qu’elles le sont au détriment du bien être de son compagnon.
De manière générale, les chevaux l’apprécient, car il est juste et attentionné, et qu’il comprend leurs besoins et leurs envies du moment, ou du moins s’y intéresse. Il sait ne pas s’imposer et s’effacer au bon moment avec tact et respect, que ce soit vis à vis d’un animal, ou d’une personne. Il suscite souvent intérêt et admiration des autres.
Il est multi-disciplinaire, et pratique aussi bien à cheval, à pied, que en attelage et est toujours partant pour tester une nouvelle activité. Il privilégie la relation avec l’animal avant tout autre chose, est attentif à son bien être tant physique que émotionnel, et obtient ainsi presque toujours d’excellents résultats dans toutes ses entreprises. La patience, l’écoute et l’observation sont ses points forts.
==> L’envie de se lier aux autres est pour lui l’occasion de partager et d’échanger des connaissances.
Le cavalier du dimanche
Petite promenade en famille
Cela n’est pas du tout péjoratif, car j’aime beaucoup ce terme très explicite ; il peut s’agir aussi du cavalier occasionnel lors des vacances. Il se fait plaisir ponctuellement et simplement sans se poser trop de questions quant à l’animal, son environnement, ses conditions de vie et son devenir. Son plaisir est de partager le moment présent avec l’animal et de profiter quelques heures de convivialité, de la nature et de ses bienfaits. C’est sa manière de se ressourcer, en lien direct avec tous les êtres vivants et les énergies qui peuvent en découler.
Il peut rester plusieurs semaines ou plusieurs mois sans pratiquer, car monter en ville, enfermé entre les 4 murs d’un manège ne l’intéresse pas. Son dada, c’est l’équitation d’extérieur, les amis, les partages, sans prise de tête et sans contraintes !
==> Le cheval autant que l’équitation sont pour lui des loisirs. La relation au cheval pourra être aussi ponctuelle et éphémère que l’envie qui l’aura crée.
Cette réflexion sur les différents types de cavaliers, participe au festival de La Croisée des Blogs, hébergée ce mois ci sur l’un des blogs de Théo : Acteur de sa vie.
ET VOUS ???
QUEL CAVALIER PENSEZ-VOUS ÊTRE ?
QUELLE RELATION ENTRETENEZ-VOUS AVEC LES ÉQUIDÉS ??
Tourner à la longe : Pour ou contre ?
Tourner à la longe… pour aller où ? Et pour faire quoi ?
Allons plutôt ensemble dans la même direction !
🙂
Ce mois-ci la Cavalcade des Blogs que j’ai initiée sur Cheval-facile fin 2013, nous entraîne vers une nouvelle réflexion proposée par la Cavalière Anonyme, abordant comme sujet : cheval sans selle, que feriez-vous ?
Le thème était trop tentant pour ne pas parler du « travail à la longe » comme on le voit encore si souvent pratiqué dans le milieu équestre…
Comme tout le monde, j’ai fait cette erreur et comme beaucoup elle me sert d’expérience et d’apprentissage pour ne pas la renouveler.
Le travail à la longe n’a que vaguement d’intérêt sous réserve :
Partis pour tourner en rond ou pour jouer ensemble ??
N’oublions pas que le cheval souffre en silence (relire pour mémoire cet excellent ouvrage ou du moins un résumé du livre sur ce blog : le silence des chevaux)
Pour ou contre ?
Je ne m’étendrai pas plus sur ce sujet puisque le travail à la longe d’un équidé n’apparait pas comme convenable et respectueux de l’animal, à mes yeux. Ceci n’est que mon propre avis, et je l’assume !
Comme dit plus haut, j’ai fait l’erreur durant trop d’années ou j’ai (involontairement, faute de connaissances suffisantes et de bon sens) malmené chevaux et poney sur ce type d’exercice.
🙂
Faites le test pour voir !!
Pour vous prouver le peu d’intérêt que j’accorde au fait de tourner en rond au bout d’une longe, je vous invite à réaliser un petit test très facile à mettre en œuvre :
Mesurer simplement le temps de travail que vous exigez de votre compagnon équin au bout de cette longe de quelques mètres.
Puis appliquez ce principe à vous même, en adaptant le contexte pour que les rapports volume corporel / taille du cercle soient respectés.
Si votre cheval tourne sur un diamètre de 12m, vous pouvez alors réduire votre cercle à 2m maxi selon votre corpulence.
Marchez ainsi en rond, puis courrez, et courrez encore plus vite (pour représenter le galop demandé aux équidés), et ceci le temps imparti au travail habituel de votre cheval sur ce genre d’exercice abrutissant.
==> Faites exactement la même chose !
N’oubliez pas de changer de sens… sauf si vous ne longez jamais votre cheval aux deux mains, mais toujours à main gauche (= en tournant toujours à gauche) ; dans ce cas tournez uniquement à gauche vous aussi !
=> Vous deviendrez alors seul juge de ce que vous imposez à vos chevaux ou poneys.