Je partage aujourd’hui avec vous le témoignage émouvant d’Ursula, une lectrice souhaitant participer avec ce récit, au festival de La Cavalcade des Blogs sur le sujet : Les situations de stress
Cet écrit est révélateur de certaines pratiques, en particulier en matière d’hébergement, qui ne conviennent pas à nos amis chevaux.
Je vous invite à lire la suite et à en tirer certaines conclusions…
😉
Qui a tué ma jument ?
À mes yeux d’adolescente, le stress n’a jamais rimé avec centre équestre.
C’était bien au contraire, mes moments de bonheur intense, auprès des chevaux et poneys, et de rares amis.
J’avais 19 ans, le permis, une voiture et une jument : Ursula. Quoi de plus chouette alors à cet instant ? Je troquais la pension de la belle grise, ainsi que mes cours, en échange de l’animation des leçons à dos de shetlands les mercredis et samedis.
Belle n’était peut être pas le terme vraiment approprié lors que l’on observait son modèle hors norme, doté d’une très longue et fine tête. À 4 ans elle n’avait pas fini de grandir et ne pouvait que s’améliorer au fil du temps ! Elle était le fruit de curieux mélanges de race assez improbable, comme si des éleveurs avait tentés de jouer aux apprentis sorciers pour voir ce que ces croisements allaient produire… Mais c’était mon Ursula, et je l’aimais.
Quelques soucis de santé imprévus l’avait écartée du cycle sportif réservés aux jeunes chevaux. Effectivement la miss avait côtoyé un étalon camargais dans l’élevage d’où elle venait, et nous ignorions ce détail somme toute significatif… Suite à l’administration d’un vermifuge elle a avorté et j’ai retrouvé le matin dans son box, un fœtus au milieu de la paille. Étrange sensation à ce moment là, que d’imaginer que ma jument non encore adulte était en réalité en passe de devenir maman…
Puis des épisodes de coliques se sont enchaînés, bien que sans gravité, dixit les professionnels à qui je remettais la santé de ma grise à grande tête. N’étant pas encore du « métier » je ne pouvais que croire ce que l’on me disait et ne pas me poser de question, puisque personne ne s’en posait. Tellement banal que marcher un cheval dans le manège toute une nuit pour éviter qu’il ne se blesse en se tordant de douleur roulant dans son box trop petit, ne semblait même pas surprenant… Croiser le vétérinaire qui venait injecter de la morphine sur ces animaux pour tenter de les apaiser n’était même pas plus alarmant quand j’y repense aujourd’hui… Ce n’est pourtant pas un acte dénué de conséquences…
Et puis est arrivé le tour d’Ursula… à son tour de marcher dans le manège à mes côtés (ou était-ce moi qui marchait à ses côtés ?) pour une partie de la nuit, puis toute la nuit. C’était franchement bien moins drôle que d’y jouer au ballon toutes les deux, en se roulant des les copeaux fraîchement étalés de la structure flambant neuve. Marcher et marcher encore. Piquer, perfuser, encore et encore. Cette nuit là, je ne sais même plus combien de fois le véto est venu… Au final elle s’est apaisée pour s’endormir (artificiellement) dans les copeaux de bois blanc du manège. Complètement droguée, elle semblait moins souffrir, et c’était déjà ça.
Nous étions alors samedi matin et j’avais le lendemain, à presque 500 km de là, un entretien d’embauche pour un emploi saisonnier, sur les bords de Loire… Le moniteur propriétaire de la structure hébergeant Ursula, m’a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il s’occuperait de ma grise, que je pouvais partir tranquille, que tout serait rentré dans l’ordre à mon retour. Et je l’ai cru !
À 19 ans on est parfois naïf, par manque d’expérience et de vécu. De toute façon, cela aurait-il changé quoi que ce soit que je reste là ? J’ai pris la route avec une amie pour passer le dimanche à randonner sur un sympathique entier presque noir avec le nez blanc, répondant au nom de Qufano, afin de valider mon test d’embauche. Ce cheval de tête était impressionnant mais pas vraiment compliqué à gérer, malgré la présence des juments. Suite à cet essai concluant, nous avons pris le chemin du retour. J’étais satisfaite, et pressée de retrouver ma jument, le club et mes rares amis. J’avais tellement confiance en mon moniteur et mes amis, que je ne me suis même pas occupé de téléphoner pour savoir comment allait Ursula.
Elle allait forcément bien, puisque l’on m’avait assuré qu’elle allait aller mieux suite à la dernière injection. Qu’à mon retour tout cela ne serait qu’un mauvais souvenir, et que l’on pourrait envisager quelques épreuves d’obstacles pour le mois de juin ! Comment pouvais-je douter des gens à qui j’accordais toute ma confiance ? Je n’avais aucun doute !
Tout cela c’était avant…
Avant que je ne retourne au club ce lundi là. Avant que je découvre le box d’Ursula vide de toute litière et même de cheval.
En arrêt devant le box, je me demandais où était la belle grise. C’est alors qu’un ami stagiaire m’approche et me dit qu’il est désolé. Je ne comprends pas ce qu’il veut, ni pourquoi il est désolé. Je lui demande s’il sait où est ma jument, puisque le box est vide. Le jeune homme essaye bien maladroitement de me faire comprendre qu’elle n’est plus là et qu’ils n’ont rien pu faire pour la sauver.
« Rien pu faire pour la sauver »… Les mots résonnent dans ma tête encore aujourd’hui presque 25 ans après le drame.
Je ne comprends pas. Je ne réalise pas. Deux jours d’absence et tout mon monde de bonheur s’écroule autour de moi. Les amis m’évitent, car ils savent des choses et ne veulent les dire. Le moniteur ne pense qu’à savoir si j’assurerai les cours poneys de mercredi et aussi ceux de samedi… Je ne saurais jamais réellement ce qu’il s’est passé ni comment et dans quelles conditions Ursula à quitté ce monde, somme toute ingrat.
Il m’a fallu des années par la suite, pour accepter remonter à cheval et posséder de nouveau un équidé, avec tous les risques que cela impliquait… Mais plus jamais je n’ai voulu le laisser seul trop longtemps de peur qu’à mon retour il ne soit plus là lui non plus… Alors que jusqu’à ce jour tragique, équitation rimait pour moi avec plaisir et bonheur, le fait d’avoir mon cheval est devenu une permanente source de stress quotidien.
Peur de perdre à nouveau cet être cher…
La morale de cette histoire est que j’ai quitté le milieu équestre, le métier que j’envisageais, les terrains de concours et les hypocrites que j’y côtoyais, pour me consacrer au bien-être de mon nouveau compagnon équin, corps et âme. Lui offrir un pré et un troupeau pour qu’il y soit heureux était alors ma seule préoccupation.
Depuis ce triste évènement je n’ai plus fait confiance à personne durant des années, stressée à l’idée qu’il puisse de nouveau arriver le pire.
Je peux dire alors qu’à partir de là, avoir un cheval, a pour moi été une véritable source d’angoisse et de stress, même si aujourd’hui ce cheval est toujours à mes côtés.
🙁
Je vous invite vivement à réagir face à ce témoignage,
et à laisser vos impressions dans les commentaires.
Personnellement je me bats depuis longtemps pour rendre aux équidés un minimum vital de liberté, afin de les laisser marcher et bouger, pour réguler du mieux possible leur transit intestinal, et limiter ainsi les risques de complications abdominales.
Si ce témoignage vous interpelle aussi, partagez-le et diffusez-le sur vos réseaux sociaux !
Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra sensibiliser les gens au mal être permanent de certains équidés.